Une triple couronne industrielle verte
En novembre 2025, le Maroc franchit un cap décisif. Avec 1.268 MW d’éolien installé, 5,5 GW de capacité renouvelable totale, une première gigafactory de batteries lithium-ion opérationnelle et le contrôle de 75% des réserves mondiales de phosphate, le royaume n’est plus simplement un acteur régional—il est un leader continental incontesté dans trois secteurs stratégiques pour l’avenir de la planète.
Cette convergence rare de leadership dans les batteries, les engrais et les énergies renouvelables (ENR) n’est pas un hasard. C’est le fruit d’une vision stratégique assumée : transformer le Maroc en hub industriel vert africain, capable de produire les technologies et intrants essentiels à la transition énergétique mondiale tout en garantissant la souveraineté économique du continent.
Alors que l’Europe cherche à sécuriser ses approvisionnements en batteries et phosphates, que l’Afrique fait face à des défis énergétiques colossaux et que les marchés émergents explosent, le Maroc occupe une position unique : à la croisée des continents, détenteur de ressources critiques, et champion des énergies propres. Cette triple domination positionne le royaume comme un acteur incontournable de la géopolitique économique verte du XXIe siècle.
Section 1 : Le Maroc, leader des batteries en Afrique
La révolution des batteries : contexte et enjeux stratégiques
La transition vers les véhicules électriques représente l’un des défis majeurs de la décennie. À l’horizon 2030, les ventes mondiales de véhicules électriques devraient dépasser les 30 millions d’unités annuelles, contre 13,6 millions en 2023. Cette explosion de la demande exige une multiplication par 10 des capacités de production de batteries.
Or, 95% des batteries lithium-ion mondiales proviennent d’Asie (Chine, Corée du Sud, Japon). Ce monopole met en péril la sécurité énergétique des pays occidentaux et crée une dépendance critique envers la Chine pour les matériaux essentiels (lithium, cobalt, nickel).
Le Maroc, conscient de cette opportunité géostratégique, s’est positionné de manière audacieuse : devenir un hub africain de production de batteries, alimentant l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
Gigafactory COBCO à Jorf Lasfar : la première pièce du puzzle
Le 25 juin 2025, une date historique, le Maroc inaugure la première gigafactory de batteries lithium-ion du continent africain à Jorf Lasfar (province de Safi).
Caractéristiques du projet COBCO :
- Joint-venture : Holding royale Al Mada + groupe chinois CNGR Advanced Materials
- Investissement initial : 240 hectares dédiés à la chimie et au stockage vert
- Capacité Phase 1 : 40 000 tonnes/an de précurseurs NMC (nickel, manganèse, cobalt)
- Capacité cible Phase 2 (2027-2028) : 120 000 tonnes/an
- Emplois créés : 2 500 postes directs, 8 000-10 000 indirects
- Production annuelle équivalente : batteries pour 1 million de véhicules électriques
Cette usine révolutionne le modèle marocain : le pays ne se contente plus d’exporter du phosphate brut, il intègre verticalement la chaîne de valeur, produisant les composants clés des batteries.
Intégration complète :
- Raffinage des métaux critiques (nickel, cobalt, manganèse)
- Production de cathodes et anodes pour cellules batteries
- Assemblage de packs batteries pour véhicules électriques
- Recyclage de la « black mass » (batteries usagées)
Gotion High-Tech à Kénitra : l’ambition de 100 GWh
Parallèlement, le groupe chinois Gotion High-Tech (actionnaire : Volkswagen) construit à Kénitra la première vraie gigafactory du Maroc :
Spécifications du projet :
- Investissement : 6,3 à 12,8 milliards de dirhams (600 millions à 1,3 milliard d’euros)
- Capacité : 100 GWh/an (20 GWh première phase)
- Production de batteries complètes pour véhicules électriques
- Emplois générés : 17 000 postes (directs, indirects, induits), dont 2 300 hautement qualifiés
- Mise en service : Première batterie marocaine en juin 2026
- Alimentation énergétique : 80% énergie renouvelable en 2025, 100% en 2026
Cette usine marque un tournant : pour la première fois, un pays africain produit des batteries EV complètes et intégrées, rivalisant avec les géantes asiatiques.
Écosystème complet en formation
Le Maroc complète cet écosystème avec :
Usine BTR à Tanger-Tech : Production d’anodes (composant critique) pour batteries lithium-ion
Fournisseurs de séparateurs et électrolytes : Usines de composants secondaires installées progressivement
Supply chain automobile : Intégration avec Renault, Stellantis et futurs constructeurs s’installant au Maroc
Au final, le Maroc ambitionne de maîtriser 100% de la chaîne de valeur des batteries, une prouesse à peine réalisée par 4-5 pays au monde.
Positionnement géostratégique : la porte de l’Europe et de l’Afrique
Le Maroc dispose d’avantages uniques pour dominer ce secteur :
Proximité européenne : À 15 km de l’Espagne, le Maroc offre aux constructeurs européens une alternative à la Chine et l’Asie, réduisant les délais logistiques et les risques géopolitiques
Port de Tanger Med : Quatrième port conteneur africain, export facile vers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique
Coûts de main-d’œuvre compétitifs : 40-50% moins élevés qu’en Europe, 60% moins chers qu’en Allemagne
Énergie renouvelable abondante : Les usines peuvent être alimentées à 100% par solaire et éolien du Maroc, réduisant drastiquement l’empreinte carbone
Expertise automobile : Présence de Renault (depuis 2007), Stellantis, et milliers d’ouvriers qualifiés
Section 2 : Domination dans le secteur des engrais : l’empire du phosphate
L’OCP : le géant incontesté du phosphate
Le Groupe OCP (Office Chérifien des Phosphates) est bien plus qu’une entreprise marocaine—c’est une institution géopolitique mondiale. En 2025, l’OCP contrôle une position hégémonique unique :
Statistiques de domination globale :
- 70% des réserves mondiales de phosphate confirmées (plus de 65 milliards de tonnes)
- 30% de la production mondiale annuelle de phosphate brut
- 50% du marché mondial des engrais complexes (DAP, NPK, TSP)
- Chiffre d’affaires 2024 : plus de 6 milliards de dollars USD
- Contribution au PIB marocain : 15% du PIB national
- Exportations nationales : 60% des exportations marocaines totales
Cette concentration de pouvoir est exceptionnelle : aucune autre entreprise africaine ne contrôle une telle part d’un marché critique mondial.
L’enjeu alimentaire : nourrir l’Afrique et le monde
Pourquoi le phosphate est-il crucial ? Parce que 100% de l’agriculture mondiale en dépend. Le phosphate est l’un des trois piliers de la fertilité des sols (avec l’azote et la potasse), indispensable pour :
- Nourrir 8 milliards d’humains
- Produire les aliments pour l’élevage et l’aquaculture
- Sécuriser la souveraineté alimentaire des nations
L’Afrique, continent le plus jeune et à plus fort potentiel agricole, est particulièrement dépendante des engrais marocains. Avec une population africaine croissante (2 milliards d’habitants en 2050, contre 1,3 milliard aujourd’hui), la demande africaine en phosphate explosera. L’OCP est parfaitement positionné pour dominer ce marché en expansion.
Plan de croissance ambitieux : doubler la production d’ici 2030
L’OCP déploie un plan d’investissement massif pour tripler ses capacités :
Extraction minière :
- Augmentation de la capacité minière de 26 millions de tonnes/an d’ici 2030 (contre 12 millions actuellement)
- Développement de nouvelles mines dans le Guercif et expansion des mines existantes
Transformation chimique :
- Complexe chimique à Mzinda : capacité de 4,2 millions de tonnes d’acide phosphorique et dérivés (horizon 2030)
- Complexe chimique à Laâyoune : 1 million de tonnes (objectif 2025, partiellement opérationnel)
- Usines d’acide sulfurique : capacité additionnelle de 3,3 millions de tonnes
Innovation en engrais verts :
- Production d’engrais biologiques, biostimulants et produits de précision pour agriculture durable
- Composants pour batteries LFP (lithium-fer-phosphate) : 30 000 tonnes de matériaux actifs d’ici 2027
Synergie batterie-phosphate : une intégration géniale
L’OCP a identifié une synergie majeure : le phosphate n’est pas qu’un engrais—c’est un composant critique pour les batteries lithium-fer-phosphate (LFP).
Les batteries LFP (plus sûres, moins toxiques que les batteries NMC) utilisent le phosphate comme élément structurant. L’OCP se positionne donc comme fournisseur de matériaux de batterie auprès de COBCO et Gotion.
Boucle intégrée : OCP fournit phosphate → COBCO/Gotion produisent batteries → Renault/Stellantis produisent VE → Maroc exporte technologie vers Europe et Afrique
Réduction d’émissions de CO₂ : l’OCP se verdit
L’OCP s’engage dans la décarbonation de ses processus :
- Réduction de 10% des émissions entre 2018 et 2024
- Objectif neutralité carbone en 2050
- Utilisation croissante d’énergies renouvelables pour alimenter les usines (achats de 500-600 MW d’électricité solaire/éolienne)
- Investissements dans la capture du CO₂ et la valorisation du fluor
Section 3 : Leadership en énergies renouvelables : le moteur de la transition
46% de renouvelables en 2025 : en route vers 52% en 2030
Le Maroc affiche une avance incontestable en Afrique en matière de renouvelables :
Capacité installée renouvelable (fin 2025) :
- Éolien : 3,1 GW (dont 1,268 MW à Laâyoune-Sakia El Hamra)
- Solaire : 1,5 GW (Noor Ouarzazate 580 MW, Noor Midelt 400 MW, Noor Atlas 270 MW + autres)
- Hydroélectricité : 1,3 GW
- Stockage (STEP) : 800 MW
- TOTAL : ~6,5 GW = 46% du mix électrique national
Comparaison continentale :
- Égypte : 17,6 GW renouvelable (mais base plus large)
- Afrique du Sud : 18 GW renouvelable
- Maroc : 6,5 GW mais densité par habitant la plus élevée d’Afrique
Objectif ambitieux 2030 : 52% de renouvelables
Le Maroc s’est engagé à atteindre 52% d’énergies renouvelables dans son mix électrique d’ici 2030. Cela implique d’atteindre 12 GW de capacité renouvelable.
Projets clés prévus :
Noor Ouarzazate (expansion) :
- Complexe solaire thermodynamique existant : 580 MW
- Extension prévue : +300-500 MW
Noor Midelt et Atlas :
- Déjà en service : 400 MW + 270 MW
- Extensions programmées : +400 MW cumulés
Parc éolien de Tarfaya (expansion) :
- 300 MW actuels
- Doublement prévu d’ici 2028
Aftissat I (Boujdour) :
- 200 MW en développement avancé
- Production attendue : 600 GWh/an, soit éloignable de 300 000 tonnes CO₂
Projets éoliens côtiers et offshore :
- 500-1000 MW supplémentaires prévus le long de l’Atlantique
- Prospection offshore au large de Dakhla
L’hydrogène vert : le grail énergétique
Au-delà des 12 GW d’électricité renouvelable, le Maroc vise la production massive d’hydrogène vert :
Offre Maroc (programme gouvernemental) :
- 20 GW de capacité renouvelable dédiée à l’électrolyse
- 10 GW d’électrolyseurs produisant de l’hydrogène pur
- 8 millions de tonnes/an de dérivés d’hydrogène (ammoniac vert, carburants synthétiques, acier bas-carbone)
Projets pilotes :
- Chbika 1 (Guelmim-Oued Noun) : 200 000 tonnes d’ammoniac vert/an, destinées à l’Europe
- Dahamco (partenariat Émirats-Maroc) : investissement de 25 milliards USD, production d’hydrogène vert pour export
Le Maroc ambitionne de devenir l’Arabie Saoudite de l’hydrogène vert africain.
Section 4 : Synergies : l’écosystème vert intégré
L’alchimie marocaine : trois secteurs qui se renforcent mutuellement
La force extraordinaire du modèle marocain repose sur une convergence rare entre les trois secteurs :
Énergie renouvelable alimentant les batteries :
Les gigafactories COBCO et Gotion fonctionnent avec 100% d’énergie renouvelable du Maroc. Cela confère un avantage compétitif majeur sur le marché européen : produire les batteries les plus décarbonées de la planète.
Volkswagen, actionnaire de Gotion, peut ainsi communiquer auprès de ses clients : « Nos batteries VW sont produites au Maroc avec 100% d’énergie solaire et éolienne. »
Phosphate alimentant les batteries LFP :
L’OCP, via ses usines, produit les composants chimiques pour batteries lithium-fer-phosphate. Cette intégration verticale réduit les coûts et assure un approvisionnement sécurisé auprès d’un fournisseur stable.
Batteries et transport alimentant l’agriculture :
Les batteries produites au Maroc énergisent les véhicules électriques agricoles et les systèmes d’irrigation solaires en Afrique, créant une boucle de développement durable.
Chaîne de valeur maîtrisée de bout en bout
C’est exceptionnel : le Maroc maîtrise la chaîne de valeur complète d’une batterie EV :
- Extraction du phosphate (OCP) et raffinage des métaux (nickel, cobalt)
- Fabrication de matériaux actifs (COBCO : cathodes NMC/LFP, anodes)
- Production de cellules batteries (BTR, Gotion)
- Assemblage de packs batteries (Gotion)
- Intégration dans véhicules électriques (Renault, Stellantis)
- Recyclage de batteries usagées (COBCO)
Aucun autre pays africain—voire très peu de nations mondiales—ne maîtrise cette intégration verticale.
Accélération de la transition énergétique locale
Ces synergies bénéficient directement au Maroc :
- Électrification du transport : flottes de taxis électriques à Casablanca, bus électriques à Fès, camions électriques pour logistique
- Agriculture décarbonée : systèmes d’irrigation alimentés par panneaux solaires, engrais verts produits localement
- Industrie verte : usines alimentées par électricité renouvelable, processus décarbonés
Le Maroc devient un laboratoire vivant de développement durable intégré.
Section 5 : Impact économique et géostratégique
Contribution au PIB et revenu national
Les trois secteurs (batteries, engrais, ENR) génèrent une contribution combinée massive :
Engrais (OCP) :
- 15% du PIB marocain
- 60% des exportations nationales
- 50 000 emplois directs et indirects
Électricité renouvelable :
- En cours d’évaluation précise (2025), mais estimée à 2-3% du PIB
- 10 000-15 000 emplois (construction, maintenance, R&D)
Batteries :
- À l’émergence (2025) mais projection de 2-3% du PIB d’ici 2030
- 50 000+ emplois directs et indirects générés
- Multiplicateurs économiques significatifs
TOTAL projections 2030 : 20-25% du PIB marocain directement liés aux trois secteurs combinés
Revenus d’exportation considérables
Export d’engrais (OCP) :
- 2024 : 15 milliards USD
- Projection 2030 : 20-25 milliards USD (avec montée en capacité et prix)
Export de batteries (phase early 2026-2030) :
- 2026 : 1-2 milliards USD
- 2030 : 15-20 milliards USD (si production à pleine capacité)
Export d’électricité et hydrogène vert :
- 2030 : 3-5 milliards USD
- 2035+ : 10+ milliards USD (une fois les infrastructures de transport complètes)
TOTAL 2030 : 40-50 milliards USD d’exportations des trois secteurs
Création d’emplois massive
Emplois directs et indirects estimés (2025-2030) :
- Batteries : 50 000 postes
- Engrais (expansion) : +15 000 postes
- Énergies renouvelables : +20 000 postes
- Services et supply chain associés : +50 000 postes
TOTAL : 135 000+ emplois générés ou consolidés
Ces emplois sont qualifiés et bien rémunérés, attirant talents marocains et étrangers.
Positionnement géostratégique : du « simple fournisseur » au « partenaire technologique »
Avant 2020, le Maroc était perçu comme un fournisseur de matières premières (phosphate brut, électricité). Aujourd’hui, il est un partenaire technologique stratégique pour :
- L’Europe : sécuriser les approvisionnements en batteries, phosphates, hydrogène vert
- L’Afrique : émerger comme leader du continent en technologie verte
- L’Asie : compétiteur fiable et proche de l’Europe pour les batteries
Le Maroc bascule du modèle colonial d’extraction vers un modèle de souveraineté économique industrielle.
Section 6 : Défis et obstacles majeurs
1. La rareté de l’eau : le goulot d’étranglement
Le Maroc produit 1.268 MW d’éolien, 6,5 GW de renouvelables et vise l’expansion. Mais l’eau est un problème critique :
- Processus d’électrolyse de l’hydrogène : consomme 10 litres d’eau par kg d’hydrogène
- Objectif 8 millions de tonnes H2/an = 80 milliards de litres d’eau/an, soit équivalent consommation de 3 millions de foyers
- Traitement des phosphates par procédé humide : énorme consommation hydrique
- Production de batteries : refroidissement des usines, réacteurs chimiques
Le Maroc doit investir massivement dans :
- Dessalement par énergie renouvelable : stations côtières solaires/éoliennes + osmose inverse
- Recyclage et réutilisation de l’eau dans les processus industriels
- Gestion durable des aquifères sahéliens
2. Concurrence internationale : Afrique du Sud, Égypte, Nigeria
D’autres pays africains développent des ambitions similaires :
- Afrique du Sud : leader historique en électricité thermique, ambition croissante en ENR et batteries
- Égypte : 17,6 GW de renouvelables, production solaire croissante
- Nigeria : potentiel pétrolier en déclin, pivote vers ENR et ambitions industrielles
Le Maroc doit maintenir son avance par l’innovation, la stabilité politique et les partenariats stratégiques.
3. Transfert de technologie et expertise locale
Les partenaires chinois et européens apportent la technologie. Mais le Maroc doit développer une expertise endogène :
- Former massivement ingénieurs et techniciens en batteries, électrolyse, chimie fine
- Investir en R&D local pour adaptation technologique
- Créer des startups et PME marocaines dans l’écosystème batterie/hydrogène
Sans cette transition de dépendance technologique vers autonomie, le Maroc restera un simple producteur manufacturier.
4. Infrastructure : ports, réseaux, logistique
Le Maroc doit transformer ses infrastructures :
- Port de Tanger Med : doit gérer flux massifs de batteries (containers spécialisés pour charges dangereuses)
- Réseau électrique : renforcement majeur pour évacuer 12+ GW de capacité renouvelable
- Réseaux logistiques : pipelines d’hydrogène, corridors d’exportation sécurisés
Investissements estimés : 10-15 milliards USD d’ici 2030
5. Environnement et durabilité : au-delà des promesses
Risques environnementaux majeurs :
- Extraction minière : impact écologique local (Sahara)
- Rejets chimiques (usines phosphates) : pollution potentielle des aquifères et côtes
- Consommation d’énergie des gigafactories : même alimentées par ENR, intensité énergétique massive
Le Maroc doit démontrer une gestion environnementale rigoureuse pour maintenir sa légitimité « verte ».
Section 7 : Vision 2030 et Au-Delà
Objectifs gouvernementaux affichés
Le gouvernement marocain s’est engagé sur une trajectoire claire :
2025-2026 :
- 100 GWh de production de batteries/an en opération (Gotion)
- 120 000 tonnes/an de matériaux de batteries (COBCO)
- 12 GW de capacité renouvelable installée
2027-2028 :
- Premier million de véhicules électriques équipés de batteries marocaines
- Expansion de 50% des capacités chimiques (OCP)
- Début de la production industrielle d’hydrogène vert (Chbika 1)
2029-2030 :
- 20 GW d’hydrogène vert installés
- 52% d’énergies renouvelables dans le mix électrique
- Maroc 4ème producteur mondial de batteries, leader africain incontesté
Potentiel de devenir « les Trois Piliers de la Stabilité Africaine »
À l’horizon 2035-2040, le Maroc pourrait incarner trois rôles critiques pour l’Afrique :
Souveraineté énergétique : Production d’hydrogène vert et électricité alimentant les 500 millions d’Africains sans accès à l’électricité
Sécurité alimentaire : Engrais verts et innovants soutenus par OCP, garantissant la productivité agricole continentale
Mobilité durable : Batteries et véhicules électriques « made in Africa » offrant transports propres aux villes africaines
Ambition 2050 : un « OPEC Vert »
Plus radicalement, le Maroc pourrait devenir l’« OPEC des énergies renouvelables » africain :
- Production d’hydrogène vert en export massif vers l’Europe, l’Asie, et Moyen-Orient
- Hub continental de batterie et stockage d’énergie
- Exportateur mondial de technologies de transition énergétique
- Leadeur intellectuel dans le modèle d’industrialisation verte africain
Conclusion : Le Maroc, forge de la transition énergétique continentale
En novembre 2025, le Maroc n’est plus un pays émergent en transition—c’est un leader industriel établi dans trois domaines critiques pour l’avenir de la planète. Avec 1.268 MW d’éolien, 6,5 GW de renouvelables totaux, des gigafactories de batteries opérationnelles et le contrôle de 75% des réserves mondiales de phosphate, le royaume a bâti une position géostratégique inégalée dans la transition énergétique africaine et mondiale.
Cette triple domination n’est pas qu’économique—elle est politique et civilisationnelle. Le Maroc démontre qu’un pays africain, sans ressources pétrolières massives, peut devenir acteur central de la géopolitique énergétique mondiale en capitalisant sur ses atouts naturels (soleil, vent, phosphate) et sa volonté politique assumée.
Les défis restent considérables : l’eau, la concurrence, l’expertise locale, l’environnement. Mais les fondations posées entre 2020 et 2025 garantissent une trajectoire irréversible vers le leadership.
D’ici 2030, le Maroc aura transformé ses trois secteurs stratégiques en moteurs de développement continental durable. Au-delà 2030, le royaume ambitionne d’être aux énergies renouvelables et hydrogène vert ce que l’Arabie Saoudite est au pétrole—une puissance énergétique mondiale incontournable.
Comme le résume une vision marocaine assumée : « Le Maroc n’hérite pas du pétrole du Moyen-Orient—il crée le soleil, le vent et l’hydrogène de l’Afrique de demain. »


