PLF 2026 : Leila Benali Dévoile le Bilan de la Transition Énergétique du Maroc

Un bilan stratégique avant la fin du mandat

Mercredi 6 novembre 2025, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, s’est présentée devant la commission parlementaire pour détailler le budget sectoriel 2026 de son département. Cette présentation intervient à un moment charnière : 2026 marque la dernière année du mandat gouvernemental actuel, obligeant la ministre à dresser un bilan complet des réalisations accomplies depuis 2021 tout en exposant les priorités finales pour achever les chantiers stratégiques en cours.

Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026 consacre une place centrale à la transition énergétique Maroc 2026, avec des investissements massifs dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et l’efficacité énergétique. Leila Benali a profité de cette tribune pour rappeler les objectifs atteints, les défis persistants et les ambitions du Royaume pour consolider son leadership régional en matière d’énergies propres et de souveraineté énergétique.


Les réalisations majeures : un mix énergétique transformé

45% de renouvelables dans le mix électrique

L’un des indicateurs phares présentés par Leila Benali concerne la part des énergies renouvelables dans la capacité électrique installée. À fin mai 2025, le Maroc affiche 5 499 MW de puissance renouvelable installée, représentant plus de 45% du mix électrique national, contre 37% en 2021.

Cette performance place le royaume parmi les leaders mondiaux de la transition énergétique. La répartition du parc renouvelable se compose de :

  • 44% d’éolien (2 451 MW) : principalement concentré dans les régions de Tanger, Tarfaya et Taza
  • 24% d’hydroélectricité (1 306 MW) : barrages historiques et nouvelles stations de pompage-turbinage
  • 17% de solaire (928 MW) : complexes Noor Ouarzazate, Noor Midelt et projets décentralisés
  • 15% de STEP (814 MW) : stations de transfert d’énergie par pompage pour stabiliser le réseau

Des coûts de production compétitifs

La ministre a mis en avant la compétitivité croissante des projets renouvelables marocains. Les nouveaux complexes comme Noor Atlas et Noor Midelt affichent des coûts de production entre 34 et 42 centimes le kilowattheure, un niveau qui rend les énergies renouvelables économiquement plus attractives que les centrales thermiques au charbon ou au gaz naturel.

Cette baisse continue des coûts (divisés par trois depuis 2012) résulte de l’amélioration technologique, de la maturité du marché marocain et de la concurrence internationale stimulée par les appels d’offres publics.

Stockage d’énergie : +30% de capacités entre 2021 et 2025

Leila Benali a souligné les progrès significatifs en matière de stockage, essentiel pour gérer l’intermittence du solaire et de l’éolien. Entre 2021 et 2025, les capacités de stockage ont augmenté de plus de 30%, avec la mise en service de plus d’un million de mètres cubes pour un investissement de 2,8 milliards de dirhams.

Pour 2026, le ministère prévoit d’ajouter 449 000 mètres cubes supplémentaires, et près de 455 000 mètres cubes d’ici 2030, mobilisant des investissements cumulés dépassant 2,3 milliards de dirhams.


L’hydrogène vert : le projet phare de la transition énergétique Maroc 2026

« Offre Maroc » : 20 GW de renouvelables, 10 GW d’électrolyseurs

La ministre a consacré une large partie de sa présentation à l’Offre Maroc en matière d’hydrogène vert, dossier stratégique visant à positionner le royaume comme acteur majeur mondial dans les énergies propres.

Selon Leila Benali, les projets retenus devraient permettre la production de :

  • Plus de 20 gigawatts d’énergies renouvelables dédiées à l’hydrogène
  • 10 gigawatts d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau
  • Environ 8 millions de tonnes de dérivés d’hydrogène vert annuellement (ammoniac vert, carburants synthétiques, acier décarboné)

Six investisseurs sélectionnés, signature imminente

Le comité de pilotage a défini les critères d’évaluation des offres des investisseurs et dressé une première liste de candidats. Six investisseurs, nationaux et internationaux, ont été retenus pour la signature prochaine des premiers contrats de réservation de terrains.

Ces projets concernent six régions stratégiques :

  • Trois dans le sud : Laâyoune-Sakia El HamraGuelmim-Oued NounDakhla-Oued Eddahab
  • Trois au nord et à l’est : Drâa-Tafilaletl’Orientalrégion de Tanger

L’investissement global mobilisé atteint 370 milliards de dirhams, générant des retombées économiques considérables : création d’emplois qualifiés, développement d’infrastructures locales, renforcement du tissu industriel régional.

Chbika 1 : le projet pilote en phase avancée

La phase préliminaire du projet Chbika 1 a été achevée, et les études approfondies pour sa réalisation sont désormais en cours. Ce projet emblématique vise à produire 200 000 tonnes d’ammoniac vert par an, destiné aux marchés européens et asiatiques.

Parallèlement, le comité de pilotage prépare la deuxième vague d’investisseurs, témoignant d’un engouement international pour le potentiel marocain en hydrogène vert.


Budget PLF 2026 : allocations et priorités sectorielles

Un budget consolidé pour la dernière ligne droite

Bien que les détails budgétaires précis n’aient pas été entièrement divulgués, le PLF 2026 prévoit des allocations substantielles pour achever les chantiers prioritaires :

Renforcement de la production électrique : montée en puissance des complexes Noor (Atlas, Midelt) et développement de systèmes de stockage par batterie (BESS – Battery Energy Storage Systems)

Efficacité énergétique : élaboration de standards minimaux de performance énergétique pour les équipements électroménagers, mise à jour du logiciel Binayate pour la conformité thermique des bâtiments

Sensibilisation et formation : organisation de campagnes auprès des professionnels et du grand public pour ancrer les pratiques d’économie d’énergie dans les secteurs énergivores (transport, industrie, bâtiment, agriculture)

Modernisation du référentiel réglementaire : adaptation des cadres juridiques pour faciliter l’autoproduction d’électricité, accélérer les autorisations de projets renouvelables, et introduire progressivement l’énergie nucléaire dans le mix énergétique à long terme

Soutien aux entreprises et territoires

Le budget 2026 prévoit également des dispositifs d’accompagnement pour les entreprises engagées dans la transition énergétique : subventions pour l’installation de panneaux solaires, prêts bonifiés pour la rénovation énergétique, formation continue des techniciens en efficacité énergétique.

Les douze plans d’action régionaux de décarbonation élaborés en 2025 continueront d’être déployés, avec un système de suivi des économies d’énergie permettant d’évaluer l’impact territorial des politiques publiques.


Défis persistants et stratégies d’adaptation

Une part de renouvelables qui stagne malgré les efforts

Malgré les réalisations indéniables, Leila Benali a reconnu que la part du renouvelable dans le mix énergétique stagne depuis plusieurs trimestres. Plusieurs facteurs expliquent cette situation :

Retards dans la mise en service de grands projets : Certaines centrales solaires ou éoliennes connaissent des délais de construction ou de raccordement au réseau.

Croissance soutenue de la demande électrique : L’industrialisation rapide du pays et l’urbanisation accélérée augmentent la consommation totale d’électricité, diluant mécaniquement la part relative des renouvelables.

Intermittence des renouvelables : Les périodes de faible ensoleillement ou de vents faibles obligent à maintenir des centrales thermiques de secours, freinant la décarbonation complète du mix.

Dépendance énergétique encore élevée : 88%

Le Maroc importe toujours 88% de son énergie primaire (charbon, gaz naturel, pétrole). Bien que la transition énergétique Maroc 2026 vise à réduire cette dépendance, les produits pétroliers restent prédominants dans les transports et certaines industries lourdes.

La ministre a insisté sur la nécessité d’accélérer la transformation de la mobilité (véhicules électriques, transport en commun durable) et de massifier le recours au dessalement par énergies renouvelables pour réduire la pression sur les ressources hydriques et énergétiques fossiles.

Financement : mobiliser 40 milliards USD d’ici 2030

Leila Benali a rappelé que le Maroc devra mobiliser plus de 40 milliards de dollars d’investissements d’ici 2030 pour atteindre ses objectifs climatiques et énergétiques. Ces capitaux proviendront de :

  • Fonds souverains (Émirats, Arabie Saoudite, Qatar)
  • Institutions financières internationales (Banque mondiale, BEI, BAD)
  • Secteur privé (investisseurs industriels, utilities étrangères)

Le défi consiste à sécuriser ces financements dans un contexte géopolitique incertain (tensions au Moyen-Orient, rivalités Europe-Chine) et de volatilité des taux d’intérêt internationaux.


Pourquoi cette transition est cruciale pour les engagements climatiques du Maroc

COP22 et Accord de Paris : tenir les promesses

Le Maroc, qui a accueilli la COP22 à Marrakech en 2016, s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45,5% d’ici 2030 par rapport au scénario business-as-usual. Pour atteindre cet objectif, la transition énergétique constitue le levier principal, représentant 70% des efforts de décarbonation.

En augmentant la part des renouvelables à 52% en 2030 et en développant massivement l’hydrogène vert, le royaume démontre sa crédibilité climatique et renforce sa position de leader africain dans la lutte contre le changement climatique.

Neutralité carbone : vision 2050

À plus long terme, le Maroc vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. Les modélisations du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) montrent qu’avec une stratégie ambitieuse, le pays pourrait :

  • Réduire sa dépendance énergétique à 17% en 2050 (contre 88% aujourd’hui)
  • Porter la part des renouvelables à 96% de la puissance installée du mix électrique
  • Abaisser le coût moyen de l’électricité de 0,79 DH/kWh aujourd’hui à 0,48 DH/kWh en 2050

Ces perspectives font de la transition énergétique Maroc 2026 non pas une contrainte, mais une opportunité économique et stratégique majeure.


Perspectives 2027 et au-delà : un leadership régional consolidé

Le Maroc, corridor énergétique Europe-Afrique

Leila Benali a rappelé lors du World Power-to-X Summit de septembre 2025 que le Maroc entend devenir un corridor énergétique entre l’Europe et l’Afrique. Cette ambition repose sur :

Production massive d’hydrogène vert exporté vers l’Europe via pipelines ou méthaniers

Interconnexions électriques renforcées avec l’Espagne, le Portugal et potentiellement l’Italie

Hub d’innovation et de recherche en énergies renouvelables, attirant chercheurs, startups et industriels

Après 2026 : un nouveau mandat pour achever la transition

2026 marquera la fin du mandat gouvernemental actuel. Quel que soit le gouvernement suivant, les fondations posées entre 2021 et 2026 (cadre juridique, projets structurants, partenariats internationaux) garantiront la continuité de la transition énergétique.

Les priorités pour 2027-2030 incluront :

  • Achèvement des 5 GW d’électricité verte promis par le pacte public ONEE-Masen
  • Mise en service des premières usines d’hydrogène vert (Chbika 1 et suivants)
  • Décarbonation massive des transports via électrification et carburants synthétiques
  • Introduction progressive du nucléaire (études de faisabilité, cadre réglementaire, premiers réacteurs à horizon 2035-2040)

Conclusion : une transition énergétique en marche, des défis à relever

Le bilan présenté par Leila Benali dans le cadre du PLF 2026 illustre une ambition nationale assumée : faire du Maroc un pionnier africain et méditerranéen de la transition énergétique. Avec 45% de renouvelables installés, des coûts de production compétitifs, et des projets d’hydrogène vert en phase avancée, le royaume dispose d’atouts considérables.

Toutefois, les défis restent nombreux : stagnation de la part relative des renouvelables, dépendance énergétique encore élevée, besoins de financement colossaux, nécessité de moderniser rapidement les réseaux électriques. La dernière année du mandat gouvernemental (2026) sera décisive pour achever les chantiers prioritaires et passer le relais dans les meilleures conditions.

La transition énergétique Maroc 2026 n’est pas qu’une politique sectorielle—c’est un projet de société visant la souveraineté énergétique, la compétitivité économique, la justice climatique et le leadership régional. Comme l’a affirmé Leila Benali : « Le Maroc ne se contente pas de suivre la transition énergétique mondiale—il la co-construit. »


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